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@les_recos_de_seb
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Il faut le dire d'emblée : ceux qui attendent un biopic retraçant toute la carrière de NTM et qui se pencherait sur l'impact culturel énorme du groupe, et les vagues suscitées par leur musique, en ressortiront invariablement déçus. Non pas qu'Audrey Estrougo, la réalisatrice, n'aborde jamais ce dernier point, mais le cœur de son film est ailleurs : en se concentrant sur les 4 premières années du duo, galaxie foisonnante autour duquel gravitait tout un groupe, jusqu'à leur premier concert à Bercy, la réalisatrice nous montre comment 2 fils d'immigrés, que rien ne destinait à priori à rencontrer le succès, surent trouver le rythme et l'énergie qui ont fait de leur dynamique un cocktail explosif, cocktail qui embrasa cette France des années 80 ne sachant proposer que misère, déterminisme et invisibilisation aux habitants des banlieues, qui lorsqu'ils avaient le malheur de relever la tête ou seulement essayer de se plaindre se prenaient des coups de matraques. Ça vous rappelle quelque chose ? Normal, c'est désormais tout le pays qui est traité comme tel. Supremes c'est l'histoire d'une amitié que tout aurait pu faire exploser, tant Didier et Bruno, aka JoeyStarr et Kool Shen, auraient eu des raisons d'arrêter : entre le rejet et les humiliations de Joey par son père, son alcoolisme et sa toxicomanie en forme d'exutoire, les bastons dans les MJC des autres cités dans lesquelles ils commençaient à jouer, qui les voyaient comme venant de territoires rivaux, un entourage ingérable et une culture dominante bourgeoise, des médias aux maisons de disques, complètement hermétiques à l'existence d'une culture populaire autre que la sienne, les cartes n'étaient vraiment pas en leur faveur. Reste la chance et le destin, qui permirent à leur talent de devenir visible, et de briller durablement. Conseillés à l'écriture par les 2 chanteurs, le film doit beaucoup à l'interprétation bluffante des 2 acteurs principaux, qui les incarnent à merveille jeune. On entendra assurément encore parler d'eux. Fans ou pas de rap, Suprêmes est un incontournable, parce que la France dont il parle se débat toujours, 30 ans plus tard, avec les mêmes démons.
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